1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mercredi 6 juin 2012

[ LA SUBLIMITÉ DE L’ÉCUREUIL ]


Savez-vous ce qu’est dans le jargon des Sapeurs-Pompiers l’écureuil ?
Il s’agit d’un sapeur-pompier, de petit gabarit, une femme souvent, un infirmier c’est bien, qui s’introduit dans la carcasse d’une voiture accidentée pour aller secourir, assister, soutenir, une ou des victimes d’un accident de la route pendant toute l’opération dite de « désincarcération », c'est-à-dire de son dégagement des tôles du véhicule accidenté. Quand il a la compétence d’un protocole, l’écureuil perfuse la victime pour lui porter secours et calmer la douleur. Dans tous les cas, il va lui offrir, tout simplement son humanité.

Et si tout était dit ? Le reste n’est-il pas connu, rabâché dans tous les stages de secours routiers ? La technique, la pratique, les progrès faits dans toute cette grande mission des sapeurs-pompiers et à l’intérieur de celle-ci, une autre mission à part entière : la désincarcération. Faut-il rappeler l’extraordinaire adaptabilité des sapeurs-pompiers au terrain, capables grâce à leur pragmatisme de répondre à la demande de la société ? 16 212 morts et 353 374 blessés sur les routes de France en 1971, année de l’acmé de ce fléau ! Dès 1959, les vice-présidents de la Fédération le lieutenant-colonel Gaudron et le médecin commandant Courrège présentent au président le lieutenant-colonel Collinet le premier poste mobile de secours, ancêtre du VSAB  (véhicule de Secours aux Asphyxiés et Blessés) puis du VSAV (Véhicule de Secours et d’Assistance aux Victimes). En 1962, le professeur Arnaud invente le secours routier, dans les Bouches du Rhône. Mais ce n’est pas tout,  on désincarcérait au chalumeau oxydo-acétylénique ou à la scie à disque. 
Et en 1971, c’est le drame à Commercy, dans la Meuse. Les gerbes d’étincelle provoquées par la disqueuse mettent le feu au véhicule. La victime meurt. Les pompiers sont condamnés. 

Il faut du matériel antidéflagrant. Joseph Gallego, un garagiste de Sisteron, sera le premier à fabriquer un superbe matériel (pinces écarteurs) à pression hydraulique. Puis il y aura Libervit de Perpignan, Hurst le matériel américain, importé par Bemaex de M. Van Eijk. L’histoire est partie, il y aura aussi Holmatro-Desautel, Idram, Lukas MMF, ides ; Hurst -Schultz, Bemaex-Weber, la pression passée de 150 à  700 bars, mais encore insuffisante pour découper les tôles froissées des trains SNCF. Il y a la pratique, consacrée par le manuel archi-célèbre de nos camarades de Martigues écrit par J. Gallego, le dcr Bourrillon et A. Diaz ! Il y a les engins à air comprimé aussi, mis en route avec des batteries !

Mais ce n’est pas toute l’histoire, car la vraie histoire, elle s’est faite dans le fin fond de remises obscures, les samedis et les dimanches avec les pompiers qui consacraient leur temps, leurs compétences et l’argent de leur amicale , à la fin du siècle dernier,  à bricoler et à équiper leur VSAB dans un vieux D4B ou un HY Citroën, et puis à faire leur engin de désincarcération dans une vieille estafette. Encore aujourd’hui, quand le directeur départemental, qui ne sait pas ou plus, ce que sont les souffrances d’une victime piégée par le tableau de bord, c’est l’amicale qui achète le coupe-pédale pour mettre dans le VSAV, qui permettra de dégager la victime avant l’arrivée, trop tardive du lourd engin de désincarcération ! Elle est là la modernité des pompiers : faire mieux pour la victime à l’aide du progrès technique ! 

Fallait-il redire tout ça pour affirmer que l’excellence qui nécessite technique et discipline, ne peut être qu’un élément de l’Humanisme qui nécessite don de soi, abnégation et modernité ? 
Non tout était déjà  résumé par l’humble écureuil, celui qui se faufile à côté de la victime et lui   souffle à l’oreille « Nous sommes là ! Tu n’es plus seul ! Aies confiance ! Il ne peut plus rien t’arriver de mauvais ! Nous allons te sortir de là ! Nous te prenons en charge ! Apaise-toi ! Nous nous donnons tous à toi ! Remets-toi tout à nous ! »

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