Fusion de la Fédération avec l’Union Nationale : une page oubliée mais combien de traces !
En 1881, la volonté des fondateurs de la Fédération fut de réunir tous les officiers et les sous-officiers de sapeurs-pompiers de France et d’Algérie. A la sortie de presque 70 ans de monarchie et d’empire, de suffrage censitaire, avec les débuts d’une République bourgeoise, le maintien de la possibilité de payer un remplaçant pour le service militaire quand on tirait un mauvais numéro, était ancrée l’idée que la société était dirigée par une élite aristocratique ou bourgeoise. Les pompiers n’échappaient pas à cette organisation sociétale. On choisissait les officiers et les sous-officiers parmi les membres de la classe dirigeante. Aussi était-il naturel que seuls se fédérassent les officiers et sous-officiers. De surcroît, la Fédération regroupait des personnes physiques et non pas les Unions départementales ou régionales qui se constituaient (on parlait de sous-Fédérations).
Dès l’année suivante, il y eut des rapprochements entre les dirigeants des deux associations. En 1903 aussi, mais en vain. En 1907, les deux associations comprenaient chacune 45 000 adhérents ! La vanité de la situation apparut à leurs dirigeants. Le commandant Gouzé de Nantes n’accepta la présidence de l’Union Nationale qu’à condition qu’elle fusionnât avec la Fédération. En effet, la création du Conseil Supérieur des Sapeurs-Pompiers, organisme d’état semblait mettre tout le monde d’accord en devenant un organisme qui s’imposait à tous et où tous pouvaient être représentés.
La Fédération se trouvait ravalée à un rôle second. Cependant, elle se trouvait forte de 90 000 membres, avec deux modes d’adhésion : les membres actifs qui adhéraient individuellement et les membres affiliés qui adhéraient à travers leur Union départementale. Ce n’est qu’en 1971, que disparut cette distinction… dans les statuts pour le moins. Cependant, très rapidement, la Fédération sut aussi trouver dans ses origines la raison de représenter, seule, les sapeurs-pompiers de France, leur Universalité, et d’être le seul organisme à pouvoir s’exprimer en leur nom, de pouvoir participer, en leur nom, à l’universalisme de la République. Qui se souvient aujourd’hui du Conseil Supérieur des Sapeurs-pompiers, autrement que comme un « machin » comme disait Charles De Gaulle ?
En revanche, en dépit de l’évolution de la société et de la vie interne de notre Fédération, en dépit de sa volonté de construire quotidiennement ce faisceau fraternel qui unit désormais tous les sapeurs-pompiers de France, il faut bien avouer que le sentiment d’appartenance des officiers, notamment supérieurs, à l’élite dirigeante fédérale, ne se démentit pas. Les désignations des dirigeants fédéraux obéissaient à un mode de cooptation préalable à tout vote y compris jusqu’à l’élection du colonel Bernard Janvier comme président en 1989. C’est ce dernier, en grand visionnaire, qui mit fin à la « Fédération des colonels » en faisant voter des statuts authentiquement démocratiques avec des électeurs, des grands électeurs qui élisent les membres du conseil d’administration et le président.
Daniel Ory fut le premier président élu directement. Il pouvait parler, en tant que leur pair, au nom des 250 000 pompiers de France !
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