1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

jeudi 26 juillet 2012

[ DEVINETTE ]



La devinette concerne un objet fétiche des sapeurs-pompiers, un engin de sauvetage de 12 Kg quand il est simple, 14 quand il est double, fait de frêne et de cornouiller. Il est généralement de couleur rouge. Avez-vous trouvé ? Ah, vous hésitez un peu. Je vais vous aider davantage : Il a  des montants  en frêne et des échelons, au nombre de 13 par plan, en cornouiller. Sa longueur est de 2,34 mètres et de 4m quand il a deux plans. Il  se termine par deux entretoises métalliques. Ca y est vous y êtes, vous avez trouvé ! Non… Ah oui vous avez le nom sur le bout de la langue ! Allez un dernier effort : ses échelons se terminent en deux crochets arrondis dont les extrémités, elles-mêmes, sont ferrées de deux poinçons d’acier...

Oui, cet instrument fétiche emblématique des sapeurs-pompiers que l’on love sur le toit de nos fourgons-pompes-tonnes dans le lit de l’échelle à coulisse et dont on ne voit dépasser que les deux crochets s’appelle « L’Echelle à Crochets » !

C’est une échelle qui permet de passer d’un étage à l’autre par les balcons pour aller faires des sauvetages partout où on ne peut se servir de l’échelle aérienne, parce qu’elle serait trop petite ou parce que sa « station » (l’ implantation) serait impossible (cour intérieure). Les pompiers la prennent et la hissent dans les étages avec eux. Elle peut aussi servir comme un pont pour passer d’un bâtiment à un autre. En effet, elle résiste horizontalement au poids d’un homme et verticalement au poids de deux : le sauveteur et la personne sauvée portée sur le dos du pompier avec une sangle.

Inutile de préciser qu’il s’agit d’emplois exceptionnels car elle est d’un maniement complexe et d’une utilisation périlleuse. En effet, pour passer d’étage en étage par les balcons ou par les fenêtres il faut dresser l’échelle très verticalement pour qu’elle pèse le moins, les crochets doivent donc être à l’extérieur. Il faut ensuite  lui faire faire un demi-tour vertical pour pouvoir l’accrocher. Pour cela il faut croiser les bras avant de la dresser et les décroiser pour lui faire faire ce fameux demi-tour. L’équipier teste ensuite son accrochage et le sapeur-pompier va ensuite s’y engager en évitant tout mouvement brusque. Il entoure l’échelle de son corps, les genoux à l’extérieur des montants, le ventre collé sur les échelons. Les pieds ne doivent pas appuyer sur les échelons, juste y reposer. On monte à la force des bras. Pensez que même parfois l’échelle n’est accrochée que par l’intermédiaire de ses poinçons sur un simple appui de fenêtre et ce à plus de 30 mètres de haut ! Le co-équipier rejoint son chef et on continue le cas échéant l’ascension. Il existe même une manœuvre du règlement qui prévoit la prolongation de la grande échelle avec l’échelle à crochets. Imaginez deux pompiers en haut de la grande échelle, l’un avec l’échelle à crochets le dos tourné à l’échelle, tenu par son nœud d’amarre qui dresse l’échelle, l’accroche et son équipier qui va la gravir. Inutile de préciser que tous les conseils de l’utilisation sont retenus et appliqués scrupuleusement !

Et après la descente avec une victime, le cas échéant, sur le dos, et ce sur plusieurs étages !

De nombreux sauvetages sont restés ainsi légendaires, à Paris dans certains incendies célèbres du XIXe siècle. D’autres usages ont été plus anonymes, en province avec de modestes pompiers, tout fiers d’avoir procédé à une reconnaissance, a fortiori un sauvetage … avec l’ECHELLE A CROCHETS !!!

Mais ce n’est pas tout. En effet, la manœuvre de l’échelle à crochets est enseignée dans les écoles de sapeurs-pompiers. Son dressage, lorsqu’elle est par terre dans la cour de la caserne se pratique en prenant un élan jambes fendues et en la saisissant entre le troisième et le quatrième échelon. Ensuite on la tient à bout de bras et on croise et décroise les bras sans la faire chuter. C’est dur, c’est lourd. Certains pompiers très habiles vont en faire un jeu, pratiquant ces croisements et décroisements avec beaucoup de célérité et d’adresse ; on va jeter l’échelle à un équipier qui va la récupérer verticale et procéder lui aussi à des jongleries : lui faire faire un tour complet à partir d’un montant dans le creux de la main, la tenir en équilibre sur son menton… oui…véridique, on voit tellement de choses dans cette activité de pompier !

De tout cela, une tradition demeure et elle est respectée dans toutes les cours de caserne de France et de Navarre : une échelle, à fortiori une échelle à crochets, ça se respecte : on  lui doit tout et sa vie en particulier. Alors on la salue en l’approchant, en se mettant au garde à vous devant elle, avant de la saisir, et puis … ON N’ENJAMBE JAMAIS UNE ECHELLE, on la contourne. Jeunes collègues n’oubliez pas ces traditions. Respectez-les. Quand vous respectez une échelle, vous respectez la VIE !

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