1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

lundi 23 juillet 2012

[H2O]


Les sapeurs-pompiers sans eau, ce serait comme des gendarmes sans arme ou des paysans sans terres !
A remarquer d’ailleurs que les combattants du feu s’appellent sapeurs-pompiers, ce qui montre bien que la lutte, la protection contre le feu ne laisse aucun doute sur l’engagement des sapeurs-pompiers. La fascination que le  feu exercerait sur l’Homme et que le vocable de « soldat du feu » pourrait évoquer n’a rien à voir avec leur tâche et ils l’affirment, par leur nom, sans aucune équivoque.

L’eau est l’agent extincteur, par excellence, non pas rappelons-le parce qu’elle aurait une quelconque vertu chimique ou spirituelle sur les flammes, mais beaucoup plus prosaïquement parce qu’elle fait tomber la température du feu au-dessous du seuil duquel il ne peut plus exister.
Alors l’Eau depuis que les pompiers sont pompiers constitue l’objet de leur Quête !
Elle porte un nom magique, chez les Sapeurs-Pompiers : « l’ALIMENTATION ». C’est une donnée du terrain.

Les sapeurs-pompiers sont d’abord à la recherche de sources d’alimentation : les eaux dormantes (mares, abreuvoir, étang, bassins d’eau de mer, réserves d’incendie, bâches à eau etc) les eaux vives (rivières) les eaux fermées dans des réseaux  maillés. Les sapeurs-pompiers bénéficient d’une priorité absolue et d’un droit de réquisition immanent des sources d’eau. Mais combien de polémiques pour utiliser un réseau de lavage des rues ou surtout un réseau d’eau potable, car ils sont toujours considérés comme des squatters ! Sauf en Alsace et lorraine où quelques villes disposent d’un réseau incendie exclusivement réservé à cet usage. Les fameux poteaux ou les fameuses bouches d’incendie sont généralement implantées sur les réseaux des régies ou des fermiers d’eau potable et ce que l’on pardonne quand il y a un feu, se termine en fâcheries quand un essai de poteau ou de bouche provoque un « coup de bélier » dans les tuyauteries et pollue l’eau de boisson ou salit le linge de la ménagère !

Quand on dispose des sources d’eau, il faut ensuite les répertorier. C’est un des travaux essentiels, certainement le premier et le plus important de ce que l’on appelle « la prévision ». Tous les plans de secteurs de sapeurs-pompiers (les plans de rue) comportent la mention des « hydrants » c'est-à-dire les sources d’alimentation naturelles avec leur volume, les lieux où l’on peut puiser l’eau sans crainte de « cavitation » (le creux que fait le tourbillon d’eau aspirée, qui désamorce la pompe) et les poteaux et bouches d’incendie avec leur débit et pression. Il y a dans tout plan répertorié (des plans préétablis pour être efficace en cas d’intervention dans des établissements industriels ou recevant du public, importants) un plan d’alimentation en eau.

Les engins des sapeurs-pompiers pour feux sont tous équipés de pompes pour pouvoir être alimentés et fournir l’eau nécessaire à l’extinction. Dans les zones rurales la moto-pompe (une pompe simple sur affût roulant) que l’on peut mettre dans des endroits impraticables pour les autres engins-pompes est toujours de vigueur. Tous les engins d’incendie ont aujourd’hui une tonne (réserve d’eau transportée par le camion) qui assure une alimentation immédiate des lances dans l’attente d’une alimentation sur un hydrant. D’autres engins sont enfin des porteurs d’eau dans les endroits totalement démunis de possibilité d’alimentation. On les appelle des « citernes » et assure l’alimentation des engins par rotations.

Toute la pratique des sapeurs-pompiers, tout leur savoir-faire gravite autour de cette alimentation. Les équipes sont organisées en conséquence avec le binôme (équipe de deux) chargé des sauvetages d’urgence, celui chargé de l’attaque du feu et celui chargé de l’alimentation en eau. Le chef d’agrés quand il part au feu indique, dans le fourgon, aux pompiers chargés de l’alimentation où ils trouveront le point d’eau à exploiter. Arrivés sur place, les pompiers procèderont à « l’établissement », c'est-à-dire dérouleront les tuyaux depuis la lance qui se trouve au point d’attaque (du feu) jusqu’ à la pompe que l’on a mise à immédiate proximité de l’hydrant (parfois plusieurs centaines de mètres de tuyaux) et brancheront enfin la  pompe sur l’hydrant par la manche (poteau d’incendie) ou l’aspiro (tuyau rigide pour aspirer l’eau dans une réserve). Une bonne alimentation est absolument nécessaire pour éteindre un feu. Un défaut d’alimentation est souvent   prémices à une extinction difficile et à contestations.

Et puis « l’alimentation » de temps en temps devient la théorie de «  l’Hydraulique ». Le froid calcul qui remplace la magie. Tous les sous-officiers et sous-officiers ont eu des cours d’hydraulique pour savoir comment bien alimenter leurs engins, où les placer, choisir le diamètre du tuyau ou de la lance, évaluer en fonction de la situation les quantités d’eau disponibles, combien de temps elles dureront, combien d’engins seront nécessaires pour conduire l’opération etc. Tous les concours ou examens de grades comportent un problème d’ »’hydraulique ». Autrefois il s’agissait même de l’épreuve-reine du concours ou de l’examen. Depuis la théorie a beaucoup changé, mais cette préoccupation de bien connaître l’hydraulique demeure une constante de l’activité de sapeur-pompier.

L’eau est source de vie, l’eau est vitale et elle est indispensable aux sapeurs-pompiers, mais depuis plusieurs années ceux-ci ont compris qu’il s’agissait d’un bien précieux, rare que l’on ne peut plus utiliser sans maitrise. Alors depuis longtemps déjà les pompiers ont mis en place un apprentissage, des techniques, des pratiques pour ne pas gaspiller l’eau, n’utiliser que ce qui est indispensable à leur extinction, la transformer (adjonction de produits dits « mouillants ») pour la rendre plus efficace, la récupérer pour la réutiliser après filtrage. Les pompiers, empreints de sagesse populaire, montrent l’exemple une fois de plus de la Modernité qui émane naturellement de la Nation et précède très souvent les directives de l’Elite. Est-ce que tous les décrets de la loi sur l’Eau de 1992 (et de 2006) sont-ils parus ? Non malheureusement. Les pompiers, eux, n’ont pas besoin de décret pour s’imposer une discipline républicaine ! En cela comme en d’autres ils sont d’extraordinaires praticiens du Développement Durable !



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