1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mercredi 25 juillet 2012

[LA PART DU FEU]


Qu’on ne se méprenne pas !

La part du feu dont il s’agit n’est pas ce qui devrait être consenti au feu, parce qu’il serait une sorte de Dieu-Terrifiant à qui l’on devrait faire des sacrifices ou plus prosaïquement parce que le feu serait logique dès lors qu’il serait uniquement un débordement inéluctable de l’activité humaine. La part du feu serait alors le décompte morbide et sinistre, auquel on serait résigné, des vies humaines ôtées, des habitations, des usines, des établissements publics détruits et des dégâts occasionnés, du coût comptable et sociétal.

Ce serait une méprise odieuse. Pour les Sapeurs-Pompiers, cette part du feu-là, elle doit être réduite à néant. D’année en année, elle devrait diminuer jusqu’à être éradiquée, par tout moyen à disposition en matière de prévision, de formation, de sécurité, d’améliorations de l’organisation et des équipements des Sapeurs-Pompiers.

Il ne doit plus y avoir 800 morts horribles dans les immeubles d’habitation, chaque année ! La loi sur les détecteurs autonomes de fumée est là pour essayer ! Plus de catastrophes dans les dancings, les lycées, les cinémas ! La règlementation est là pour y parvenir ! Plus de centaines de milliers d’hectares de forêts, de bois, de maquis détruits par les feux ! La prudence, la prise de conscience, les règlements sont là pour les réduire !

Le devoir des Sapeurs-Pompiers, à cet égard, est bien de se mettre dans un principe de modernité, c'est-à-dire d’année en année, de jour en jour, de tenir un double objectif de diminution du nombre des feux et de contraction des coûts humains et matériels provoqués par ses ravages, grâce à leur sens de plus en plus performant de leur engagement et du progrès technique qu’ils mettent au service de cette recherche. Pour que l’Humanité progresse ! Parce que l’Homme est le  centre unique de leurs préoccupations !
Non « la part du feu », chez les Sapeurs-pompiers recoupent un concept beaucoup plus noble. C’est la part que l’on laisse au feu pour être sûr d’arrêter sa propagation. C’est très simple, et très, très compliqué à la fois.

Autrefois dans les villes médiévales où les maisons étaient faites de bois et de torchis et collées les unes contre les autres, pour s’opposer à la propagation il fallait « Saper » les éléments  assurant la liaison (toitures, poutres, murs). Parfois cela revenait pratiquement à démolir les maisons voisines à celle qui était la proie des flammes, pour éviter que toutes les autres ne brûlent !

Cette part du feu, elle existe toujours dans tout incendie. Il appartient au commandant des secours à déterminer les axes de propagation du feu et sur ces axes de prévoir quand les Sapeurs-Pompiers seront prêts à s’y opposer certainement. Tout cela s’apprécie, en conditions météorologiques (vitesse du vent) en quantités de matériaux combustibles, en quantité d’eau nécessaire et en capacités d’alimentation, en nombre et en heures d’arrivée des engins d’extinction, en positionnement des lances, très important en positionnement de l’échelle (la grande échelle, outil remarquable d’aide à l’extinction et d’opposition à la propagation). La « part du feu » n’est pas la même, on s’en doute, quand il s’agit d’un feu de bâtiment, d’un feu de forêt, d’un feu de raffinerie, mais elle existe partout, dans tous les incendies du plus simple au plus important.

Longtemps cette appréciation de la « part du feu » a été laissée au savoir-faire du Chef, à son nez. On reconnaissait son habileté à la part qu’il laissait au feu : savoir s’opposer au feu, sans « pousser le feu dans le dos » c'est-à-dire « être derrière » et courir après, tout en lui laissant la plus petite part possible, juste celle de « l’anticipation ». Aujourd’hui, dans nos écoles on apprend la « MRT »la méthode de raisonnement tactique enseignée dans les GOC (Gestion opérationnelle du commandement) 1, 2, 3, 4 et 5 selon le niveau de commandement. C’est un excellent enseignement, l’un des plus aboutis de notre école et une technique opérationnelle éprouvée dans tous les domaines. C’est un excellent outil d’aide à la décision .Un moyen d’éviter de ne pas se tromper. On apprend aussi la technique particulière des feux de forêt. On ne peut s’étendre sur ce sujet, ce serait trop long pour cet article, mais souvent on va essayer de bloquer le feu par terre, par air et même en  projetant des hommes et du matériel en avant du feu. Pour les feux d’hydrocarbure il faut se livrer à des calculs très compliqués, s’aider de logiciels et d’abaques mathématiques, et savoir maitriser la mousse (eau plus émulseur avec laquelle on éteint ce genre de feux). Et ça marche !

Mais toutes ces théories ces calculs, ne pourront jamais être que des outils pour aider la Décision. La Décision, elle sera toujours prise par un Homme, doté du meilleur outil qui soit, son cerveau qui pourra, en plus des paramètres techniques, prendre des paramètres humains, humanistes qui comptent toujours plus que les autres. Le secours des victimes prévaudra toujours sur l’extinction, l’intérêt humain toujours sur les dégâts matériels, la valeur sentimentale toujours sur l’intérêt économique ! il faut certes, un cerveau, il faut aussi et surtout un Cœur ! Et ça croyez-moi dans toutes les poitrines des Sapeurs-pompiers de France bat un Cœur, beaucoup plus gros, beaucoup plus dévoué, beaucoup plus aimant que n’importe quelle théorie !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire