Le 30 août 1947, il y a
exactement 65 ans aujourd’hui, le gouvernement de Paul Ramadier, cite la Fédération Nationale
des sapeurs-pompiers français à l’Ordre de la Nation. Le texte est éloquent :
« Par leur héroïsme et leur sang froid au cours de la lutte contre
les multiples incendies survenus durant les hostilités et par leur
participation inlassable à toutes les modalités de la Résistance durant
l’occupation, les officiers et les sapeurs des Corps composant la Fédération Nationale
se sont acquis des titres incontestables à la reconnaissance du Pays »
Le président de
Une citation à l’ordre de la Nation , accordée à titre collectif,
à une Fédération, c’est exceptionnel au sens littéral du mot. Elle est
aussi extrêmement importante, dans sa portée et sa signification pour les sapeurs-pompiers de France et leur Fédération :
- Elle signifie bien d’abord que la Fédération représente
tous les sapeurs-pompiers de France. C’est l’instance Nationale qui a charge de
le faire. Ce texte le reconnaît avec un naturel qui relève du truisme. Et la Fédération les regroupe
tous (« /… les officiers et les sapeurs des Corps composant la Fédération Nationale … /»)
qu’ils soient adhérents ou pas parce qu’ils en sont tous bénéficiaires. Cette
citation le dit avec une limpidité extraordinaire puisque c’est à travers la Fédération que sont honorés,
en 1947, tous les sapeurs-pompiers de France, sans exception, comme le fait
remarquer le président Geoffroy.
- Cette citation clôt aussi un
débat : les sapeurs-pompiers ont agi sous l’occupation avec héroïsme et
ont participé à toutes les modalités de la Résistance. N ’oublions
pas qu’en 1947, on sort à peine de « l’Epuration », des grands procès
des collaborateurs, des mises en cause des grands corps nationaux, des
entreprises qui ont collaboré. Non seulement les sapeurs-pompiers de France ne
sont entachés d’aucune faute, mais de surcroît leur comportement a été
exemplaire. C’est le premier gouvernement de la IVe République
qui le dit, le gouvernement Ramadier directement inspiré du Conseil National de
la Résistance.
Redisons-le , c’est exceptionnel !
La portée de cette reconnaissance
va encore beaucoup plus loin : le Conseil national de la Résistance est cette
instance qui a fait vivre pendant la guerre et après guerre, les valeurs de la République et suscité
cet élan inouï qui transcende les clivages politiques : il existe un
devoir sacré : œuvrer pour l’intérêt général de la Nation ; la République a un
Universalisme qui mène vers un paradis laïque collectif où tous les Français
seront libres, égaux et frères ! Et parmi tous les corps sociaux républicains,
c’est à celui qui émane de la
Nation , et non pas à ceux qui procèdent de l’Etat, que l’on
reconnaît d’avoir en présence de l’ennemi qui occupe le pays, porté ces valeurs
de la République ,
ceux qui agissent ensemble, avec abnégation, courage et dévouement pour
l’Universalité de la
France. Et ce ne fut pas chose facile ! Rappelons que
l’armée d’occupation et l’Etat français se sont méfiées des sapeurs-pompiers
pendant toute l’occupation, estimant qu’ils n’étaient pas loyaux, ni
suffisamment dociles et que l’on ne pouvait accorder aucune confiance à des
unités où l’engagement est libre, citoyen, et où l’on s’administre librement.
De très nombreux corps communaux furent dissous et la défense contre l’incendie
donnée à des unités militaires placées sous la tutelle de l’Etat de Vichy, ou à
des unités de l’armée d’occupation. Ce furent des échecs. Les sapeurs-pompiers
de France, parce qu’ils émanent de la Nation qui prend, à travers
eux, à son compte la responsabilité des secours, continuèrent à l’exercer avec
leurs moyens, quelquefois plus que leur bras, leur bonne volonté et leur courage,
avec des « auschwetch » de défense civile! … On imagine sans mal ce
qui a pu susciter, au ministère de Monsieur Dupeux en 1947, la transcription sur
la Citation
des termes d’héroïsme et de Résistance… !
C’est un formidable héritage que
nous ont laissé nos anciens. A nous de faire valoir cette Citation pour bien
revendiquer ce qu’elle nous accorde : s’il y a en France « un corps
social » qui est fidèle, par-dessus tout, à la République , y compris
même, par-dessus l’Etat quand le pouvoir en place est dévoyé et a perdu les
valeurs républicaines, un corps social, qui par son action quotidienne, au nom
de la Nation
au nom de son intérêt général, résiste parce que son action est de la
résistance immanente, c’est bien celui des sapeurs-pompiers et pas un autre,
surtout pas ceux qui auraient aujourd’hui quelques condescendances à l’égard de
ces modestes, de ces humbles, à qui l’on ne pourrait pas faire confiance parce
qu’ils n’émaneraient pas de l’Etat, parce qu’ils auraient l’orgueilleuse prétention
de considérer que leur engagement est libre !
Brandissons cette Citation comme
un étendard ! Avec fierté ! Lisons-la ! Rappelons-la !
Faisons la valoir ! C’est utile dans le débat actuel.
Les sapeurs-pompiers de France
sont les premiers à qui la
République doit faire confiance quand elle veut promouvoir
son modèle de Sécurité Civile !
La preuve ? La Citation à l’Ordre de la Nation de 1947 !
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