1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

vendredi 10 août 2012

[ LE SACRÉ CHEZ LES POMPIERS ]

Obsèques du Lieutenant Sabine Valence-Novak le 10 mai 2012


L’aube de l’humanité est toujours très mystérieuse, en dépit des découvertes de plus en plus nombreuses de fossiles humains et des progrès de la recherche. La question de la rupture avec le règne animal,  intrigue notamment les scientifiques. Des signes vont les aider  dans leurs études. La capacité à envisager l’avenir en est un. Le rite rendu aux  morts en est un autre. A la croisée des deux, certainement de la métaphysique, pour le moins du sacré, c'est-à-dire le respect de l’Homme, y compris quand il est mort. Quand ? Dans cette nuit des temps, on n’en est pas à quelques dizaines, quelques centaines de milliers d’années et peu importe. Ce qui est important de constater c’est que le sacré est consubstantiel de l’Humanité.

Tout groupe social a ses rites sacrés. Les sapeurs-pompiers n’échappent pas à la règle. Leur première préoccupation fut que tout sapeur-pompier mort au feu ou décédé de mort « naturelle » ait une sépulture digne. Pour cela il fallait aider la famille. Il n’est pas anodin que la première organisation nationale de sapeurs-pompiers, neuf ans avant la Fédération elle-même, fut la Caisse Nationale de Secours, si chère au cœur de Jean-Paul Guichard, son dernier président, créée en 1872, pour aider les familles en deuil d’un sapeur-pompier à lui donner un enterrement de bonne classe (il y avait autrefois plusieurs classes d’enterrement) et un tombeau, généralement avec un caveau. Le financement se faisait à partir de cotisations mutualisées et l’aide était une somme fixe, identique pour tous, servie pour le « décès toute cause ».

Cette aide est aujourd’hui prorogée par notre Mutuelle nationale. Elle se cumule avec des allocations de l’Amicale et de l’Union départementale. Une palme avec un casque de pompier est aussi très souvent déposée sur la tombe du sapeur-pompier.  De nombreuses stèles sont érigées à la mémoire des sapeurs-pompiers disparus en service commandé. Des cérémonies anniversaires sont régulièrement organisées. La journée Nationale du mois de juin est aussi une journée-mémoire, en souvenir de tous nos collègues disparus en service commandé.  Jamais le devoir de mémoire, comme l’on dit aujourd’hui, n’a été autant respecté ! Et c’est tant mieux !

L’autre préoccupation majeure des sapeurs-pompiers de France est bien celle de ceux qui restent : les Orphelins et les Veufs. C’est un devoir sacré de les prendre dans la famille des sapeurs-pompiers, de veiller à ce qu’ils aient les possibilités matérielles de vivre et de rentrer dans la vie active, et de leur donner toute l’affection que l’on peut leur prodiguer. Nous ne reviendrons pas sur la cause de nos Pupilles déjà évoquée dans une page passée du blog, mais redire, on ne le dit jamais assez, que depuis 1926, l’Œuvre des Pupilles et Orphelins et du fonds d’entraide des sapeurs-pompiers de France  prend soin d’eux.  Au nom des Sapeurs-Pompiers de France ! Ils ne sont pas Pupilles de la Nation. Ce sont les sapeurs-pompiers,  eux-mêmes, qui prennent en charge les enfants , les conjoints de leurs collègues, morts au feu ou pas d’ailleurs ! Ce sont « leurs petiots » et «  leurs petiots » ce sont les Leurs  et c’est SACRÉ !

Ce sentiment du Sacré, est le plus fédérateur qui existe dans nos rangs ! Tous les sapeurs-pompiers de France se reconnaissent dans l’Œuvre des Pupilles, même quand ils sont en dissension avec leur Fédération, même quand certains d’entre eux demandent le statut de Pupille de la Nation pour les Orphelins et s’aperçoivent qu’ils commettent une erreur parce que les avantages matériels et affectifs donnés par notre ODP sont autrement plus importants et plus forts que ceux conférés aux Pupilles de la Nation. D’ailleurs la loi du 13 août 2004 garantit, à minima les mêmes avantages aux Pupilles des sapeurs-pompiers qu’aux Pupilles de la nation. Le surplus et quel surplus, ce sont les pompiers qui le donnent à « leurs petiots » au nom de leur Papa ou de leur Maman, partis sans revenir.

 Et il n’est jamais venu à l’idée d’aucun sapeur-pompier d’exclure des bénéfices de l’Œuvre, un seul des enfants, parce que son papa ou sa maman se serait fâché avec sa Fédération ou même aurait eu des propos insultants et blessants à son encontre. Les Petiots, redisons –le, c’est Sacré !

En confiant cette tâche, le cœur du Sacré, à l’Œuvre des Pupilles, la Fédération l’a faite dépositaire de l’élément fédérateur le plus fort qu’elle avait ! Et c’est pour ça que les pompiers de France sont si jaloux de leur ODP, qu’ils réajustent ses actions et ses statuts pour qu’elle reste financée, dans sa plus grande partie, par les pompiers eux-mêmes et qu’elle reste au cœur de la Fédération, en ayant voulu que le Président de la Fédération fût aussi le Président de l’œuvre des Pupilles, que «  l’église fût au milieu du village » selon la belle formule du colonel Bernard Franoz. 

Tout cela parce qu’un président de Fédération doit incarner aussi le sacré et que lorsque tous les ans avec le ministre, devant tous les drapeaux des corps départementaux, il ravive la flamme du Soldat Inconnu à l’Arc de Triomphe, il incarne tous les sapeurs-pompiers de France d’hier et d’aujourd’hui, tous unis dans leur foi fidèle à leur engagement,  dans le respect de leurs morts, et dans leur promesse de s’occuper de leurs Pupilles !

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