1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mardi 11 septembre 2012

[ETRE SPP : QUELLE FIERTÉ ET QUELLE CHANCE !]



Dans nombre d’exemples, l’avènement de la machine fait passer une fonction du fait social à la profession. En matière d’extinction d’incendies, l’apparition quasiment simultanée dans toute l’Europe occidentale, à la fin du XVII ème siècle, de la pompe à bras, importée de Hollande, nécessita, la création d’unités de spécialistes pour la mettre en œuvre. Ceux-ci remplacèrent petit à petit, dans les grandes villes, la population qui emplissait jusque là le service, puis d’occasionnels sont devenus, permanents, rémunérés (soldés), des gens de métier et ont constitué une profession.

Il en est ainsi, dans nombre de pays voisins de la France où les Sapeurs-Pompiers professionnels se sont implantés depuis deux siècles. Les Sapeurs-Pompiers volontaires, émanant principalement, de zones rurales interviennent en supplétifs des professionnels (comme en Angleterre) ou en auxiliaires de ceux-ci (comme en Allemagne) où professionnels et volontaires n’ont généralement pas les mêmes tenues et ne partent pas dans les mêmes véhicules et où ils n’ont surtout pas les mêmes missions !

Le modèle français des secours est autre et repose sur une complémentarité de Sapeurs-Pompiers professionnels et volontaires ayant un même champ de compétences dans un même cadre géographique.
La divergence historique de la France avec les pays voisins provient de sa Révolution, ou plutôt de son type de Révolution qui va transformer la quête individuelle de l’Au-delà, celle du sujet de l’ancien Régime, en une recherche d’un bonheur collectif, laïc où les hommes vivent libres, égaux, fraternels sans guerre, ni épidémie, ni famine, auquel on parvient grâce au progrès technique utilisé à des fins humanistes, que l’on peut résumer sous le terme de « Modernité » cher au siècle des Lumières. Cette action commune se fait, à l’instar des propositions de Voltaire et de Rousseau, les deux immenses inspirateurs de la Révolution française, par des hommes égaux et libres en droits, appelés citoyens qui prennent à leur compte les responsabilités de la Société à l’égard des siens. C’est le fondement de l’engagement citoyen, qui s’applique à toutes les missions sociétales, comme la lutte contre » les accidents, les fléaux calamiteux tels les incendies », ce que précise la loi sur les communes du 16 au 24 août 1790.Les sapeurs-pompiers français seront communaux et des citoyens engagés !

Cependant, cet acte révolutionnaire, fondateur de notre société ne va pas pour autant arrêter toute évolution émanant de la Révolution industrielle, et mettre fin à ce qui existait. Il va au contraire s’appuyer dessus. Ainsi les sapeurs-Pompiers vont monter peu à peu en puissance au cours du XIème siècle pour passer de 8000 environ, en 1810,  à 310 000 en 1914 soit en utilisant des structures existantes dans beaucoup de villes, soit en se servant de la garde nationale devenue milice bourgeoise au gré des régimes politiques.
Pendant deux siècles, on verra deux forces souvent s’opposer : celle des communes qui s’organisent pour faire face aux nécessités des secours et celle de l’Etat  jacobin dont le souci est d’uniformiser les Sapeurs-Pompiers, à travers le pays.

Ainsi, on aura des pompiers communaux soldés ou pas, des pompiers volontaires de la garde nationale non soldés, des bénévoles, des permanents, des casernés, des « professionnels de la pompe » , des militaires (à Paris), des garde-pompes devenant des sapeurs-pompiers selon les communes et leur histoire. Mais tous ces sapeurs-pompiers émanent de leur commune et tous prennent des engagements en tant que citoyens, révocables selon leur seule volonté.

Si le décret de 1875 reconnait un seul statut pour tous les sapeurs-pompiers cela n’empêche pas des communes, comme Bordeaux par exemple, de commencer à employer des sapeurs-pompiers comme employés communaux à partir de la même date. A leur suite, les professionnels s’implantèrent dans les grandes villes pendant toute la première partie du XXème siècle. Après la guerre, avec l’augmentation exponentielle du nombre d’interventions, on assista à un renforcement des structures professionnelles et à la prolifération des  pompiers dits « permanents » qui étaient des employés communaux qui avaient pris un engagement de sapeur-pompier et qui étaient versé par leur commune , à « titre permanent » ,dans le service communal d’incendie et de secours. En 1953, un décret statutaire stipula qu’il existait deux catégories de sapeurs-pompiers : les professionnels et les non professionnels. La loi du 26 janvier 1984 reconnut les sapeurs-pompiers professionnels comme des fonctionnaires publics territoriaux et un décret de 1992 intégra les permanents dans le cadre des professionnels.

A partir de 1996, avec l’augmentation non freinée du nombre d’interventions, la constitution du corps départemental, l’harmonisation du temps de travail, l’application des 35 heures à la fonction publique (décret du 31 décembre 2001 pour les sapeurs-pompiers), le nombre de Sapeurs-Pompiers professionnels passa de 28 000 à près de 41 000. Les canons de leur statut en matière de droits, de devoirs, de formation, d’entrée, d’avancement, de service en font une profession authentique.

En parallèle le volontariat prit aussi ses lettres de noblesse, consacrés par la loi de 2011, disposant que le service d’incendie et de secours, dont les prestations doivent être égales pour tous les français (attendus de la loi du 3/5/96) s’effectuait avec des sapeurs-pompiers professionnels et des sapeurs-pompiers volontaires, en complémentarité, les uns avec les autres. C'est-à-dire que le professionnalisme n’est ni l’avatar abouti du volontariat, ni le témoignage d’une plus grande qualité des secours, comme on l’avait longtemps pensé, y compris chez les sapeurs-pompiers jusqu’à la fin du siècle dernier. L’engagement citoyen dont les deux procèdent s’adaptent parfaitement aux circonstances temporelles et géographiques. Aux uns des compétences techniques étendues nécessitant beaucoup d’interventions pour garder les acquis, aux autres des connaissances de leur profession, humaines et géographiques de leur secteur pour être performants.
Au-delà de toutes ces évolutions, et à cause de cet ancrage dans l’engagement des citoyens, la profession de sapeur-pompier demeure un rêve pour tous ceux qui veulent vivre pleinement leur passion de secourir les autres. Autant de jeunes professionnels que l’on interroge, autant de réponses mettant en avant, comme première motivation, le « secours aux autres ». Un rêve pleinement accessible aux plus humbles, aux plus modestes, tant que les vertus d’engagement, de don de soi, de solidarité resteront les premiers critères de sélection. Bien évidemment, l’engagement fiduciaire, pour la cause des secours remplace l’engagement beaucoup plus concret du volontaire qui connaît souvent les gens de sa commune ; la spécialisation dans tel ou tel domaine est recherchée pour donner des compétences pointues au corps départemental ; le statut de fonctionnaire ajoute aux obligations de service communes avec celles du volontaire, à l’égard du public - notamment la notion d’égalité des secours que porte pleinement le fonctionnaire, qui rappelons le ne perçoit pas un salaire pour une tâche mais un traitement pour lui permettre d’assurer son service , pour les autres- et des chefs, la notion de services des élus - employeurs.

C’est indéniablement une belle, une magnifique, une passionnante profession, qui donne beaucoup de fierté à ceux qui ont la chance de la pratiquer. Il faut encore l’améliorer mais aussi la protéger, contre les atteintes d’un libéralisme excessif, de la privatisation, de l’élitisme pour que les secours des Sapeurs-pompiers de France reste inscrits dans les notions de Modernité et d’Universalité que lui confèrent ses professionnels et ses volontaires, aussi indispensables à la performance du modèle les uns que les autres,  tous animés du même esprit, d’une même devise Courage et Dévouement !

1 commentaire:

  1. Protéger ... contre ... les atteintes ... de ... l'élitisme ... ???

    Désolée !
    Mais là, pardon, je ne comprends pas ... de moins en moins ... plus du tout ...

    Que faut il faire ?
    La rabaisser ?
    La tirer vers le bas ? Pour éviter la naissance de cette "élite" malsaine ? une "élite" mortifère ?
    Que faut-il faire ?
    Virer les dangereux "intellectuels" ?
    Virer carrément ceux qui réfléchissent ??
    Limiter le niveau d'étude maximal pour pouvoir exercer ce métier ? une licence ? un BTS ? un BAc ? ... le BEP ??
    Peut être faudrait-il même mettre en place des tests psycho-techniques ... pour limiter à un QI maximal l'acces à la fonction ... Si oui, lequel ? le vôtre ... ?

    On applique cela au "Pro" ?
    Attention ... les SPV ... sont aussi une élites ...
    A moins que vous ne souteniez le contraire ...

    Vous voulez bien nous éclairer encore de vos lumières ??

    RépondreSupprimer