A propos de « reconnaissance »
Au 54e congrès, en 1938, à Lyon, Edouard Herriot, maire de Lyon, député
du Rhône, ministre, puis président du Conseil, ténor politique (radical) d’avant
comme d’après guerre : « En terminant [mon discours], je veux
relever ce qu’a dit le président de votre Fédération [cdt Jules
Lerondeau]. Il a demandé pour vous une rosette de la Légion d’honneur. C’est
bien peu d’ambition ! Quand on voit donner la rosette à des hommes
d’affaires équivoques… quand on la voit devenir un moyen pour s’élever […], on
peut donner moins à ceux qui méritent peu et donner plus à vous, les braves
gens que vous êtes. »
Au 56e congrès (le premier
d’après guerre), en 1946, à Paris, capitaine volontaire Strowski, bâtonnier de
l’ordre des avocats de Pontivy (eh oui !) : « Le dernier
épisode de ce film de cinq années [que nous venons de vivre], c’est la lutte
contre les incendies et les explosions qui ont marqué les dernières heures d’occupation
de la Wehrmacht
battant en retraite. Nombre de cantonnements et d’entrepôts étaient abondamment
garnis de caisses de dynamite, de bouteilles incendiaires ; des cordons de
fulminate couraient le long des plafonds ; des fûts d’essence et de
gas-oil étaient entassés à côté de bûchers ; enfin, des mitrailleuses, et
jusqu’à des canons antichars, braqués à portée de ces foyers, pour stopper
l’élan des sauveteurs qui tenteraient de combattre et d’étouffer le feu à sa source
même. C’est dans cet enfer que les pompiers ont lutté, souffert, reçu des
salves de mitrailleuse, et finalement triomphé. Ils ont préservé des quartiers
entiers, ils ont sauvé une partie du patrimoine de la France. On leur a d’ailleurs
distribué, assez parcimonieusement, du papier, lettres de félicitations et
mentions honorables ; quelques-uns ont reçu des médailles banales. Ils
n’attendent pas tant, et ils espèrent pourtant beaucoup mieux. »
Au 99e
congrès (Festival de l’image), en 1992, à Rouen, interviewé par Flammèche - Quotidien du Congrès, Sylvain Joubert, metteur en scène, conteur,
comédien (séries télévisées Ardéchois Cœur fidèle, L’Alerte rouge…), caporal
volontaire saisonnier à Lamalou-les-Bains (Hérault) : « Quand je
remarque comment, dans ce pays, sur quels critères, est “distribuée” la Légion d’honneur, je suis
très choqué de ce que jamais d’obscurs pompiers volontaires ne la reçoivent.
J’en ai vu, des camarades qui ont joué leur vie obscurément (dans tous les sens
du terme), au fond d’un trou, avec sur les bras un type en train de crever. Où
est-elle, leur Légion d’honneur ? Et ça, vous pouvez l’écrire, car c’est
un pur scandale. »
BL
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